JOP 2030 : la CGT Savoie exige un véritable dialogue social territorial

L’Union départementale CGT Savoie a adressé un courrier aux élu·es locaux, aux parlementaires, à la préfecture et au COJOP 2030 pour demander la mise en place d’instances de dialogue social territorial autour de l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 2030. L’objectif : anticiper les impacts sociaux, économiques et environnementaux, garantir les droits des salarié·es et éviter toute décision unilatérale. Le courrier :

L’Union Départementale CGT de la Savoie suit avec attention l’évolution de l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 2030. Cet événement d’ampleur internationale place notre département au cœur d’un projet dont les retombées économiques, sociales et environnementales seront considérables. Pour notre organisation, la réussite de ces Jeux dépendra avant tout de notre capacité collective à en faire un projet partagé, fondé sur la transparence, la concertation et le respect des droits des travailleur·euses et des habitant·es de nos vallées.

Depuis plusieurs mois, la CGT Savoie a engagé une démarche structurée autour d’un cahier revendicatif départemental des JOP 2030, élaboré à partir des réalités locales et des échanges menés avec nos syndicats de terrain. Ce travail identifie quatre axes majeurs : la préservation des biens communs (eau, énergie, environnement), la question du logement et des conditions de vie des saisonnier·es, le développement de mobilités durables et accessibles, ainsi que la santé, la sécurité et les conditions de travail de celles et ceux qui feront vivre ces Jeux. Il nous semble également essentiel d’affirmer que cette réflexion s’inscrit dans une vision d’avenir des stations et des vallées, tournée vers un tourisme plus durable, plus étalé sur les saisons et plus bénéfique aux habitant·es, tout en s’appuyant sur un développement plus diversifié associant industrie, services publics et agriculture.

Mais au-delà de ces revendications, notre organisation tient à rappeler l’enjeu essentiel de la gouvernance et du dialogue social autour de cet événement. Nous demandons la mise en place rapide d’instances de concertation territoriales associant les élu·es, les services de l’État, les organisations syndicales et patronales ainsi que le COJOP. Ces espaces doivent permettre d’anticiper, de débattre et de construire collectivement les conditions sociales, économiques et environnementales des Jeux, afin d’éviter les décisions unilatérales qui, trop souvent, se prennent sans concertation avec le monde du travail.

L’expérience récente des Jeux de Paris 2024 montre l’importance d’anticiper les conséquences pratiques des Jeux sur la vie quotidienne. Certaines entreprises seront amenées à modifier les horaires ou l’organisation du travail de leurs salarié·es en raison des contraintes de circulation, de sécurité ou de logistique liées à l’événement. D’autres pourraient être contraintes à des fermetures temporaires si elles se situent dans des périmètres restreints. Dans ces cas, il est indispensable de garantir le principe de négociation préalable dans les entreprises concernées et de prévoir des dispositifs d’indemnisation pour les salarié·es affecté·es, afin d’éviter toute décision unilatérale ou toute perte de revenu.
De même, les restrictions de circulation ou les plans de mobilité spécifiques que mettront en place les services de l’État auront des conséquences directes pour les travailleur·euses, les habitant·es et les entreprises. Ces sujets doivent faire l’objet d’un véritable dialogue social territorial, au même titre que les questions économiques ou environnementales. La consultation des chambres de commerce ou des organisations patronales ne peut pas se substituer à la représentation des salarié·es.

Enfin, il importe de rappeler que les Jeux ne doivent pas servir de prétexte à des dérogations au droit du travail, à la dérégulation sociale ou à la précarisation des emplois. Ils doivent au contraire être l’occasion de renforcer les services publics, de sécuriser les parcours professionnels, d’améliorer les conditions de travail et de garantir un héritage durable pour les territoires alpins.

En Savoie, nous avons déjà connu, lors des Jeux d’Albertville en 1992, l’efficacité d’une conférence économique et sociale qui avait permis d’associer l’ensemble des acteurs du territoire et de déboucher sur des avancées concrètes en matière de logement, d’infrastructures et de tourisme social. Les Jeux de 2030 doivent renouer avec cet esprit. C’est pourquoi l’Union Départementale CGT de la Savoie appelle à la tenue, dans les meilleurs délais, d’une conférence départementale du dialogue social olympique, réunissant l’ensemble des parties prenantes.

Pour la CGT, les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 2030 ne doivent pas être un simple événement sportif, mais un projet collectif au service de l’intérêt général, du monde du travail et des populations. Leur réussite dépendra de notre capacité commune à anticiper, à dialoguer et à construire un héritage réellement vertueux pour la Savoie et ses habitant·es.

Vous cherchez un autre article ?